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Montpellier. CellesLes semeurs échangent les graines comme les idées
ALTERNATIVE : Au bord du Salagou, cette journée a comblé jardiniers et adeptes du potager
En l'espace d'une journée, le petit village fantôme de Celles, en bordure du Salagou, a semblé renaître hier, en accueillant une bourse aux graines et aux plantes. Organisée par le Collectif des semeurs, elle était le théâtre de nombreuses transactions pour les adeptes du potager, les cultivateurs et les naturalistes en tout genre. Poivron, salade, haricot, aubergine, blette, tomate (...), on trouvait de tout ou presque. Yoko, une Japonaise de 34 ans, boulangère à Saint-Étienne-de-Gourgas cherche de quoi alimenter son potager. « Je cultive mes légumes moi-même, c'est bien meilleur comme ça. Quelques fois, je les achète directement aux producteurs mais jamais en supermarché. » Un style de vie qui nécessite du temps, mais qui semble faire de plus en plus d'adeptes, même dans les grandes villes,
à l'instar de Martine Cormouls qui habite dans le centre-ville de Montpellier. Elle offre quelques pousses arrachées dans les jardins partagés du parc Clémenceau, dans l'avenue du même nom. Une femme vient vite la voir et l'interpelle : « Je t'échange une cactée contre un pied d'artichaut ! » « D'accord, lui rétorque Martine, je le planterai dans mon jardin.» L'affaire est conclue et des dizaines d'autres vont s'opérer au cours de la journée. Des graines de carottes sont ainsi troquées contre du chou rouge qui « fait des fleurs jaun es », fait remarquer un semeur volontaire, tout sourire. Semeurs et faucheurs se retrouvent d'ailleurs sur le même terrain. Outre la bourse d'échanges, des conférences ont sensibilisé le public aux problématiques de résistance aux OGM et aux pesticides. Dans un plaidoyer pour « la liberté de semer », Jean-Baptiste Libouban, initiateur du mouvement des faucheurs volontaires en 2003, et Guy Kastler de Nature et Progrès, ont ainsi alerté sur le danger de consommer des produits génétiquement modifiés. Selon eux, « les gènes brevetés de Monsanto sont en train d'envahir nos champs ». Leur parade ? Faucher et semer des graines produites en agriculture biologique. « Rien que de bio, rien que du bon », arguent-ils, devant un public de toute façon déjà convaincu du bien-fondé de leur cause.